Muet depuis l’enfance passée à l’orphelinat, le héros est devenu tueur pour payer son opération. Mais un tueur avec des principes : il ne tue que les « vraies crapules », ne se nourrit que de fruits de mer et s’habille avec classe. Il est employé par une sorte d' »agence de tueurs avec des principes » qui ressemble parfois à un club de vacances, et a pour meilleur ami un ancien danseur classique qui tue avec une grande élégance. Secrètement, il espère retrouver la fille qui le protégeait à l’orphelinat alors qu’il se faisait martyriser, et qui reste le seul amour de sa vie. C’est alors que son rythme est perturbé par l’arrivée d’une femme mystérieuse et provocatrice, d’un petit garçon en fugue, et d’un clan mafieux très dangereux…
Scène d’ouverture : un toréador espagnol se pavane à la télé, regardé par un type – tout ce qu’il y a de plus coréen – fasciné comme un gosse et essayant de reproduire ses mouvements… Tout le film suit cet élan passionné, dramatique et comique, à travers un éclairage chaud en intérieur et froid à l’extérieur, mais toujours sensuel, valorisant corps et regards.
Les scènes de combat ne sont pas excellentes, mais nous touchent. Pourquoi ? Sans doute grâce aux personnages, traités avec relief et dont on ressent extraordinairement bien le caractère.
Dans le couple « homme fragile/femme forte » sont renouvelées les notions de masculin-féminin ; le corps de l’homme (objet du désir féminin) est filmé avec beaucoup de sensualité (nudité et visage en extase montrés, halètements et jouissance présents au son), chose rare dans le cinéma en général malheureusement toujours très phallocentrique.
Il ne semble pas y avoir de « personnage secondaire ». Tous les personnages ont une sorte de « droit de parole », comme le montre avec flagrante ironie la scène où le big boss du clan mafieux (acteur 김병옥 – Kim Byeong-Ok) est en train de violer une jeune fille et qu’il dit, comme à l’intention du spectateur « Moi aussi, j’ai une histoire !« . Le manichéen n’a ici aucun sens, comme dans beaucoup de thriller/films noir sud-coréens. Sont avant-tout valorisés des personnages qui palpitent, qui ont quelque chose à raconter. Et le réalisateur, en quelques touches habiles, parvient à suggérer leur poids narratif. Ce n’est pas chose facile que de marquer autant l’esprit du spectateur sans avoir recours aux clichés, dans un film à grand spectacle qui tend ainsi à rester « humain ».
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[Voir futur article sur l’acteur 신하균 (Shin Ha-Kyoon) qui incarne superbement le héros de « No mercy for the rude »]
Tiens c’est marrant, j’ai aussi un gros faible pour ce film pourtant pas très connu ni rentable (d’ailleurs le réalisateur n’a rien fait après). Le ton, les personnages (notamment féminin), la musique (j’ai un faible pour le boléro) m’ont ravi sans que je ne sache trop l’expliquer.
Je me passe encore fréquemment l’OST.